Intel’Actuel n°21
01-ABOYOYO ABOYOYO Anne Rachel
Résumé: Le long poème de Fernando d’Almeida intitulé La gloire des Dieux met en relief un sujet parlant (un locuteur) qui explore sa consistance à la poursuite d’une cohésion avec la transcendance. A sa lecture menée à l’aune de la théorie sociocritique du texte et du sujet telle que formulée par Edmond Cros (2003), on descelle une quête d’un espace de stabilité du sujet par lui-même, à cause d’une rupture qui le constitue fondamentalement et qui apparait dans son propos. C’est pourquoi cette communication vise à montrer que pour d’Almeida, le poème est « l’unique » espace de réalisation du sujet, parce qu’il est le réceptacle inconditionnel de toutes les ruptures qui le constituent. Il reste à savoir comment l’instabilité (la rupture ontologique et la rupture textuelle du sujet parlant) élabore sa propre stabilité, c’est-à-dire aussi de déterminer les éléments de cette instabilité, tout comme l’objectif que poursuit leur mise en relief. Nous montrons que d’Almeida convoque le langage de la totalité constitué du silence et du caractère. Ceux-ci soutiennent la sacralisation du poème et la sacralité de l’être (c’est-à-dire du sujet parlant que Edmond Cross appelle sujet culturel). Tout cela aboutit au résultat de la monstration du caractère discontinu du poème et du sujet parlant, comme révélation d’une esthétique de l’instabilité. Nos analyses sont adossées sur la démarche sociocritique de Cros (2003), qui stipule une identification du génotexte, c’est-à-dire de l’archétype langagier présent dans le texte (le silence dans le poème le cas échéant), qui se réalise dans les concrétions du phénotexte (les formes du langage à savoir le fragment et le blanc typographique dans notre corpus), pour aboutir à l’interprétation de l’idéologème (l’érection du poème au statut d’espace vital du sujet parlant).
Mots-clés : silence ; sujet parlant ; rupture ; poème ; socialité.
Abstract: Fernando d’Almeida’s long poem The Glory of the Gods highlights a speaking subject (a speaker) who explores his consistency in pursuit of a cohesion with the transcendent. The reading of the book, which is based on the sociocritical theory of the text and the subject as formulated by Edmond Cros (2003), reveals a quest for a space of stability of the subject by itself, because of a rupture that fundamentally constitutes it and that appears in its purpose. This is why this paper aims to show that for d’Almeida, the poem is « the only » space of realization of the subject, because it is the unconditional receptacle of all the ruptures that constitute it. It remains to be seen how instability (the ontological rupture and the textual rupture of the speaking subject) elaborates its own stability, i.e. also to determine the elements of this instability, as well as the objective pursued by their highlighting. We show that d’Almeida summons the language of totality, which is made up of silence and character. These support the sacredness of the poem and the sacredness of being (i.e. the speaking subject, which Edmond Cross calls the cultural subject). All this leads to the result of the monstration of the discontinuous character of the poem and the speaking subject, as the revelation of an aesthetic of instability. Our analyses are based on the sociocritical approach of Cros (2003), which stipulates an identification of the genotext, i.e. of the linguistic archetype present in the text (the silence in the poem, if any), which is realized in the concretions of the phenotext (the forms of language, namely the fragment and the typographic blank in our corpus), leading to the interpretation of the ideologem (the erection of the poem to the status of a vital space of the speaking subject).
Keywords: silence; speaking subject; rupture; poem; sociality.
MBOU TSAMANA Macyval
Résumé: La présente étude traite la question des sens dans la représentation des lieux dans l’œuvre poétique de Philippe Jaccottet. Un parcours des trois recueils du poète nous permet de mettre en évidence la fécondité des éléments sensoriels dans la description des lieux qui deviennent tour à tour visuels, olfactifs, auditifs et tactiles. Les sens distants et les sens intimes présents dans les textes du poète participent à l’identification et à la caractérisation des lieux. Non seulement ils tracent la géographie mentale de l’observateur, mais aussi ouvrent l’espace des lieux pour une meilleure prise de conscience. L’objectif d’un tel travail est de montrer, à partir de la polysensorialité en tant que méthodologie multifocalisée et géocentrée de la géocritique, que les sens apportent une dynamique polysémique de la représentation du pré, verger, combe et forêt. Ainsi, la singularité sensorielle poétique des lieux facilite leur lisibilité et pose le texte comme un objet à la croisée du réel et de la fiction.
Mots-clés : lieux, poésie, polysensorialité et géocritique
Abstract: This study deals with the question of the senses in the representation of places in the poetic work of Philippe Jaccottet. A tour of the poet’s three collections allows us to highlight the fertility of sensory elements in the description of places, which become visual, olfactory, auditory and tactile in turn. The distant and intimate senses present in the poet’s texts participate in the identification and characterization of places. They not only trace the mental geography of the observer, but also open up the space of places for greater awareness. The objective of such a work is to show, from polysensoriality as a multifocalized and geocentric methodology of geocriticism, that the senses bring a polysemic dynamic to the representation of the meadow, orchard, combe and forest. Thus, the poetic sensory singularity of places facilitates their readability and poses the text as an object at the crossroads of reality and fiction.
Keywords: places, poetry, polysensoriality and geocriticism
KAMENI Désiré Marie
Résumé: Cet article se propose d’aborder la problématique du risque dans le roman francophone de l’ère coloniale en explorant Le Pauvre Christ de Bomba de Mongo Beti et Une Vie de boy de Ferdinand Oyono. La posture du scripteur dans son acte d’écriture iconoclaste par rapport aux réalités se couple à celle des personnages pris dans l’étau des codes langagiers pour dérouler un climat d’incertitudes et de violences. La dualité du risque se lit dans leurs productions transphrastiques à travers le discours littéraire (Maingueneau) qui dévoile des actes de l’incommunication. La modalisation des discours, la spécificité des narrateurs et les interactions verbales structurent une écriture de l’échec communicationnel. La prise en compte des données socio-culturelles surgit comme un appel à la valorisation des réalités typiquement africaines. Une réalité évidente s’inscrit dans l’atemporalité : l’écrivain est un citoyen qui assume son engagement pour les causes sociétales, en dépit des nombreux écueils qui jalonnent l’aventure scripturaire.
Mots-clés : aventure, risque, scénographie, écriture, communication, échec.
Abstract: This article addresses the issue of risk in the Francophone novel of the colonial era by exploring Le Pauvre Christ de Bomba by Mongo Beti and Une Vie de boy by Ferdinand Oyono. The posture of the writer in his iconoclastic act of writing in relation to realities is coupled with that of the characters caught in the stranglehold of language codes to unfold a climate of uncertainty and violence. The duality of risk can be read in their transphrastic productions through the literary discourse (Maingueneau) which reveals acts of incommunication. The modalisation of discourse, the specificity of the narrators and the verbal interactions structure a writing of communicational failure. The consideration of socio-cultural data emerges as a call for the valorisation of typically African realities. An obvious reality is inscribed in the atemporality: the writer is a citizen who assumes his commitment to societal causes, despite the many pitfalls that mark out the scriptural adventure.
Keywords: adventure, risk, scenography, writing, communication, failure.
MBAH Jean Bernard & NANA NGUEGONG Nicole
Résumé: Le présent article s’interroge sur le relativisme (inter)culturel en contexte de tension européenne dans le roman L’Amour là-bas en Allemagne (2006) de Catherine Paysan. Ce roman met en scène la rencontre d’une Française, Annie Roulette et d’un prisonnier de guerre allemand Ewald Rostein au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Les deux projettent de vivre ensemble en dépit de l’état convalescent de la France lié au conflit franco-allemand. Les tensions qui s’instituent entre leurs deux pays et les disparités culturelles qui les caractérisent, compliquent la réalisation de leur projet de vivre ensemble amoureusement. Ils aboutissent finalement à une rupture. L’analyse des regards mutuels antagonistes de leurs familles respectives tel que nous rend la trame narrative du livre permet de lever un questionnement sur la préoccupation essentielle de Catherine Paysan dans son roman qui oscille entre le récit des tensions de deux nationalités associées aux disparités culturelles d’une part, et d’autre part, le souci pour l’auteure d’élaborer dans son texte un processus thérapeutique contre ces tensions à travers le relativisme (inter)culturel. L’association de la sémiologie du personnage de Philippe Hamon, considérée dans la perspective imagologique de Daniel Henri Pageaux, permet de rendre compte de la démarche originale de l ́auteure qui transite par les rapports entre deux nations en contexte de tension pour prôner le relativisme (inter)culturel dans son œuvre.
Mots-clés : relativisme (inter)culturel, imagologie, disparités culturelles, regards mutuels, sémiologie.
Abstract: This article examines (inter)cultural relativism in the context of European tension in Catherine Paysan’s novel L’Amour là-bas en Allemagne (2006). The novel depicts the meeting of a French woman, Annie Roulette, and a German prisoner of war, Ewald Rostein, in the aftermath of the Second World War. The two plan to live together despite the convalescent state of France due to the Franco-German conflict. The tensions that arise between their two countries and the cultural disparities that characterise them make it difficult to realise their plans to live together in love. In the end, they break up. The analysis of the mutual antagonistic views of their respective families as rendered by the narrative framework of the book allows us to raise questions about the essential preoccupation of Catherine Paysan in her novel, which oscillates between the account of the tensions of two nationalities associated with cultural disparities on the one hand, and on the other hand, the author’s concern to elaborate in her text a therapeutic process against these tensions through (inter)cultural relativism. The association of the semiology of Philippe Hamon’s character, considered in the imagological perspective of Daniel Henri Pageaux, allows us to account for the original approach of the author who transits through the relations between two nations in a context of tension to advocate (inter)cultural relativism in her work.
Keywords: (inter)cultural relativism, imagology, cultural disparities, mutual gaze, semiology.
NYANCHI EBLIYLU Marcel
Résumé: Au fil des ans, la place et l’identité des femmes dans la sphère publique continuent de susciter des débats dans certaines sociétés postcoloniales. Dans Shame de Salman Rushdie, qui se déroule au Pakistan, la gestion de la sphère publique reste polémique en raison de normes socioculturelles, religieuses et politiques inhibitrices. En s’appuyant sur la théorie postcoloniale et le féminisme, cet article examine ces normes afin de contester et de réaffirmer la place des femmes dans la sphère publique pakistanaise. Tout en évaluant le degré de réussite que les femmes de Rushdie apportent à leurs sociétés, l’article s’interroge sur les raisons de leur exclusion initiale. En examinant la position de l’État et sa réponse à la situation critique des femmes, l’article émet l’hypothèse que Shame devient une lentille à travers laquelle nous pouvons lire la satire de Rushdie sur les différents niveaux d’interaction chauvine entre l’État et les fondamentalistes qui déshumanisent délibérément les femmes. Le document conclut que l’activisme féminin au sein de l’État et de la société modifie le paysage sociopolitique afin d’instaurer l’égalité sociale et la cohésion entre les sexes. Une nouvelle dispensation qui garantit des solutions aux droits matrimoniaux et reproductifs des femmes, aux fiançailles dans l’enfance, au voile intégral (purdah), aux crimes d’honneur et à la liberté de culte.
Mots-clés : État, société, postcolonial, sphère publique, fondamentalisme, genre.
Abstract: Over the years, the place and identity of women within the public sphere continue to raise arguments in some post-colonial societies. In Salman Rushdie’s Shame, set in Pakistan, governing the public sphere remains polemical due to inhibitive socio-cultural, religious and political norms. Using the postcolonial theory and feminism, this paper examines these norms in order to contest and reassert the place of women within the Pakistani public sphere. While assessing the degree of successes that Rushdie’s women bring to their societies, the paper interrogates the reasons for their initial exclusion. By examining the state’s position and response to the plight of women, the paper hypothesises that Shame becomes a lens through which we can read Rushdie’s satire on the different levels of chauvinistic interplay between the state and fundamentalists who deliberately dehumanise women. The paper concludes that female activism within the state and the society, changes the socio-political landscape to usher social equality and gender cohesion. A new dispensation that guarantees solutions to women’s marital and reproductive rights, childhood betrothal, the all-covering veils (purdah), honour killings and freedom of worship.
Keywords: state, society, postcolonial, public sphere, fundamentalism, gender
ASSONGUO SONWAH Séraphin
Résumé: Toute société impose à l’individu ses règles et ses normes, c’est-à- dire les manières de faire et de penser, les idéaux, les pratiques, les croyances et les rituels conformes à son milieu de vie et à ses groupes d’appartenance. Pendant la colonisation, les Européens ont transporté leurs valeurs et leurs cultures dans le reste du monde, imposant des modes de pensée, d’action, de relation et amenant ainsi l’Africain à tourner le dos à sa culture. Les mouvements féministes sont venus encourager la femme dans son émancipation. Cette dernière revendique désormais sa liberté vis- à-vis de ses us et coutumes qu’elle juge rétrogrades et serviles. Beaucoup de femmes africaines modernes, pour fuir l’exigence de la tradition, migrent vers l’Europe où elles espèrent mener une vie émancipée. Mais le contact avec l’Europe ne leur offre qu’altérité qui soumet leur identité culturelle à la rude épreuve de l’acculturation. Elles comprennent enfin que pour être soi- même, pour s’épanouir, il faut s’enraciner dans sa culture et que l’Europe n’est pas le paradis rêvé. Cet article pose le problème de féminisme et identité culturelle avec pour objectif de voir si l’émancipation de la femme africaine moderne est possible dans le mépris de ses traditions et de ses us et coutumes. L’approche méthodologique adaptée à cette analyse est la gynocritique qui inclut dans sa démarche l’étude des conditions historiques, sociales et culturelles qui ont pu déterminer la structure du texte féminin.
Mots-clés : Femmes – traditions – émancipation – immigration – identité culturelle
Abstract: Every society imposes on the individual its rules and norms, i.e. the ways of doing and thinking, the ideals, practices, beliefs and rituals that conform to its environment and the groups to which it belongs. During colonisation, Europeans transported their values and cultures to the rest of the world, imposing ways of thinking, acting, relating and thus causing the African to turn his back on his culture. Feminist movements have come to encourage women in their emancipation. The latter now claims her freedom from her habits and customs which she considers retrograde and servile. Many modern African women, to escape the demands of tradition, migrate to Europe where they hope to lead an emancipated life. But contact with Europe only offers them otherness, which subjects their cultural identity to the harsh test of acculturation. They finally understand that in order to be themselves, in order to blossom, they must be rooted in their culture and that Europe is not the paradise they dreamed of. This article poses the problem of feminism and cultural identity with the aim of seeing if the emancipation of the modern African woman is possible in disregard of her traditions and customs. The methodological approach adapted to this analysis is gynocriticism, which includes the study of the historical, social and cultural conditions that may have determined the structure of the feminine text.
Keywords : Women – traditions – emancipation – immigration – cultural identity
SIME SIME Hortense
Resumen: La colonización española en Guinea Ecuatorial tardó oficialmente de 1778 a 1968 pero las secuelas de esta siguen vigentes a través de las realidades socio-económicas y culturales que reproducen a menudo estructuras coloniales bajo la modalidad del neocolonialismo. Publicada en 2006, Los caminos de la memoria de Justo Bolekia Boleka es una novela que se nutre ampliamente de la colonización española en Guinea Ecuatorial. Desde el ángulo de la memoria, Justo Bolekia Boleká revisita la colonización española, supera este período histórico y se sitúa en el momento postcolonial. El objeto de este artículo consiste en discutir los elementos nuevos relacionados con la colonización española en Guinea Ecuatorial que el autor presenta en dicha novela. Para llevar a cabo este estudio, nos valdremos de la teoría poscolonial tal como propuesta por Vega (2003: 68) y que consiste en transformar el objeto observado y ofrecer a la contemplación aspectos que antes permanecían en la sombra. Tras estudiar al líder guineano formado por la corona, la misión católica será el punto siguiente y terminaremos con el obrero indígena que resulta de dicha colonización.
Palabras claves: memoria-colonización-Guinea Ecuatorial- postcolonial-África
Abstract: Every society imposes on the individual its rules and norms, i.e. the ways of doing and thinking, the ideals, practices, beliefs and rituals that conform to its environment and the groups to which it belongs. During colonisation, Europeans transported their values and cultures to the rest of the world, imposing ways of thinking, acting, relating and thus causing the African to turn his back on his culture. Feminist movements have come to encourage women in their emancipation. The latter now claims her freedom from her habits and customs which she considers retrograde and servile. Many modern African women, to escape the demands of tradition, migrate to Europe where they hope to lead an emancipated life. But contact with Europe only offers them otherness, which subjects their cultural identity to the harsh test of acculturation. They finally understand that in order to be themselves, in order to blossom, they must be rooted in their culture and that Europe is not the paradise they dreamed of. This article poses the problem of feminism and cultural identity with the aim of seeing if the emancipation of the modern African woman is possible in disregard of her traditions and customs. The methodological approach adapted to this analysis is gynocriticism, which includes the study of the historical, social and cultural conditions that may have determined the structure of the feminine text.
Keywords : Women – traditions – emancipation – immigration – cultural identity
NTSAMA ESSENGUE Salome Chantal
Résumé: La présente étude se propose d’analyser les structures internes des mots hybrides employés dans les pratiques langagières de certains locuteurs camerounais, ainsi que leurs sens. Il s’agit de démontrer que la créativité par les lois dérivationnelles garantit la richesse lexicale dont l’exigence perceptible retentit sur la genèse morphologique, aboutissant ainsi à la diversité. Nous appliquons notre réflexion à des items extraits de quelques comptes des réseaux sociaux (Facebook). En effet, la langue française évolue en milieu francophone dans un contexte hétéroglossique, un milieu caractérisé par l’existence de plusieurs langues locales. Elle met en scène des variétés de français plus ou moins tributaires de leurs divers environnements sociolinguistiques. L’ingéniosité de l’esprit humain, à laquelle l’on associe le pouvoir illimité que possède la langue en tant que système permettant de générer un nombre infini de mots, entraîne les usagers de la langue française au Cameroun, dans un processus traduisant la créativité lexicale. Le problème posé dans le cadre de ce travail est celui de l’appropriation d’un procédé de création lexicale comme la dérivation suffixale en français camerounais qui apparait comme un choix motivé par un besoin momentané en vue de satisfaire une visée communicationnelle. L’analyse des données recueillies nécessite la prise en compte de l’approche sociolinguistique dans la mesure où elle porte sur la description des variations d’une langue dans une communauté linguistique donnée. Nous lui associons la psychomécanique du langage du linguiste français Gustave Guillaume, qui vient approfondir la question de la dérivation en ce sens qu’elle l’aborde en termes de cinétisme et de visée.
Mots-clés : créativité lexicale – dérivation – français camerounais – hybridation – suffixation.
Abstract: This study aims to analyse the internal structures of hybrid words used in the
hybrid words used in the language practices of some Cameroonian speakers, as well as their meanings. The aim is to demonstrate that creativity through derivational laws guarantees lexical richness, the perceptible demand for which has an impact on morphological genesis, thus leading to diversity. We apply our reflection to items extracted from some social network accounts (Facebook). In fact, the French language evolves in a heteroglossic context, an environment characterized by the existence of several local languages. It features varieties of French that are more or less dependent on their various sociolinguistic environments. The ingenuity of the human mind, coupled with the unlimited power of language as a system for generating an infinite number of words, leads the users of the French language in Cameroon into a process of lexical creativity. The problem posed in the framework of this work is that of the appropriation of a lexical creation process such as suffix derivation in Cameroonian French, which appears to be a choice motivated by a momentary need in order to satisfy a communicative aim. The analysis of the data collected requires the consideration of the sociolinguistic approach insofar as it concerns the description of the variations of a language in a given linguistic community. We associate it with the psychomechanics of language of the French linguist Gustave Guillaume, which deepens the question of derivation in the sense that it approaches it in terms of kinetics and aiming.
Keywords: lexical creativity – derivation – Cameroonian French – hybridisation – suffixation.
GRAOBE Pascal & FOTSING MANGOUA Robert
Résumé: Le présent article se propose d’analyser la représentation du personnage albinos dans deux romans camerounais, L’albinos de Christian Tiako et Histoires d’albinos de Cyrille Kemmegne. La blancheur de la peau ainsi que les autres déterminants de l’albinisme ont fait de ces personnages blancs, nés de parents noirs, l’objet d’un double discours social et scientifique qui essaie d’expliquer leur étrangeté. Pris comme objet verbal, leur représentation est soumise à une écriture spécifique. Comment sont- ils mis en mots dans les romans indiqués ? En recourant à l’approche sémiologique du personnage romanesque de Philippe Hamon1, l’analyse montre que l’écriture procède par un ensemble de procédés et modes de caractérisation qui révèle une hiérarchisation socioculturelle des personnages romanesques dont les relations ou interactions sont basées sur la différence épidermique.
Mots-clés : Personnage. Albinos. Représentation. Discrimination. Albinisme.
Abstract: This article analyses the representation of the albino character in two Cameroonian novels, Christian Tiako’s L’albinos and Cyrille Kemmegne’s Histoires d’albinos. The whiteness of the skin and other determinants of albinism have made these white characters, born of black parents, the object of a double social and scientific discourse that tries to explain their strangeness. Taken as a verbal object, their representation is subjected to a specific writing. How are they put into words in the novels indicated? Using Philippe Hamon’s semiotic approach to the novelistic character1, the analysis shows that writing proceeds through a set of processes and modes of characterisation that reveal a socio-cultural hierarchisation of novelistic characters whose relationships or interactions are based on epidermal difference.
Keywords: Character. Albino. Representation. Discrimination. Albinism.
DEUGA CHIEUDJUI Joseph Magloire
Résumé: La commune est une collectivité territoriale jouissant d’une autonomie financière et administrative en vue de la gestion des intérêts locaux. Au Cameroun, les premières communes qui voient le jour en 1941 sont restées le privilège des deux plus grandes agglomérations du pays (Yaoundé et Douala). Ce n’est qu’en 1953 que celles-ci ont été élargies à la Région de l’Ouest avec la création en 1953 des communes mixtes de Bafoussam et Bafang par arrêté du 26 Octobre 1953. Celle de Dschang s’est intégrée pleinement dans l’évolution politique du Cameroun. Crée par arrêté du 29 juin 1954, elle a ainsi eu à faire face à de profondes mutations d’ordre institutionnel et politique souvent imprévisibles, notamment le passage entre le monopartisme et le multipartisme. Il s’agit de présenter la vie de la commune de Dschang sous le système de parti unique caractérisé par son hermétisme d’une part, et d’autre part de parler du retour au multipartisme à Dschang ainsi que la réaction des populations locales face à cet important changement.
Mots-clés : Commune, Dschang, monopartisme, multipartisme.
Abstract: The commune is a territorial collectivity with financial and administrative autonomy for the management of local interests. In Cameroon, the first communes were created in 1941 and remained the privilege of the country’s two largest cities (Yaoundé and Douala). It was not until 1953 that they were extended to the Western Region with the creation in 1953 of the mixed communes of Bafoussam and Bafang by decree of 26 October 1953. The commune of Dschang was fully integrated into the political evolution of Cameroon. Created by decree on 29 June 1954, it had to face profound institutional and political changes that were often unpredictable, particularly the transition from a one-party to a multi-party system. The aim is to present the life of the commune of Dschang under the one-party system characterised by its hermeticism on the one hand, and on the other hand to talk about the return to a multiparty system in Dschang as well as the reaction of the local populations to this important change.
Keywords: Commune, Dschang, single-party system, multi-party system.
ENDONG Floribert Patrick C
Résumé: La montée du prosélytisme homosexuel en Afrique a motivé plusieurs pays du continent noir à renforcer leurs mesures de lutte contre l’homosexualité dans leurs territoires nationaux respectifs. Au Nigeria et au Cameroun, une partie de ce renforcement de mesures a été l’institutionnalisation de l’homophobie populaire et l’adoption de lois extrêmement homophobes pour régir l’industrie audiovisuelle et cinématographique dans les deux pays. Dans cet essai, l’auteur déploie une exploitation des sources secondaires et des observations critiques pour comparer le degré d’homophobie des lois régissant l’industrie du cinéma au Cameroun et au Nigeria. L’auteur examine également l’impact des lois et de l’homophobie populaire sur la production cinématographique nigériane et camerounaise. L’étude démontre que, bien que l’homophobie soit plus élevée au Nigeria, « l’homosexualisation » de l’industrie cinématographique est plus accentuée dans ce pays qu’au Cameroun. Pendant que les cinéastes camerounais tendent à marginaliser la thématique de l’homosexualité, leurs homologues nigérians paraissent plus enthousiastes à l’idée de s’approprier le sujet et de le représenter parfois de manière méliorative dans leurs productions cinématographiques.
Mots-clés : Relativisme Culturel, Protectionnisme Culturel, Homosexualité, Prosélytisme Homosexuel, Nollywood, Collywood
Abstract: The commune is a territorial collectivity with financial and administrative autonomy for the management of local interests. In Cameroon, the first communes were created in 1941 and remained the privilege of the country’s two largest cities (Yaoundé and Douala). It was not until 1953 that they were extended to the Western Region with the creation in 1953 of the mixed communes of Bafoussam and Bafang by decree of 26 October 1953. The commune of Dschang was fully integrated into the political evolution of Cameroon. Created by decree on 29 June 1954, it had to face profound institutional and political changes that were often unpredictable, particularly the transition from a one-party to a multi-party system. The aim is to present the life of the commune of Dschang under the one-party system characterised by its hermeticism on the one hand, and on the other hand to talk about the return to a multiparty system in Dschang as well as the reaction of the local populations to this important change.
Keywords: Commune, Dschang, single-party system, multi-party system.
KOUEGA Jean Paul & NTEDONDJEU N. Michel
Résumé: À partir de l’exploration documentaire, l’intérêt de cet article est de rendre compte des travaux sur la langue et la religion qui, en sociolinguistique, constituent de nos jours, un aspect non moins négligeable d’étude du langage et qui permettraient de mieux comprendre le plurilinguisme camerounais à partir des situations sociolinguistiques qui se produisent lors des cérémonies religieuses, en particulier lorsqu’elles concernent les communautés plurilingues. L’article s’attelle à passer en revue les grandes orientations de recherche menées sur les questions sociolinguistiques dans le domaine religieux avant de proposer des axes d’analyse pour des recherches en devenir.
Mots-clés : Cameroun – communauté religieuse – Langue et religion – plurilinguisme – pratique religieuse – sociolinguistique.
Abstract: Based on an exploration of the literature, the interest of this article is to give an account of the work on language and religion which, in sociolinguistics, constitutes a significant aspect of the study of language today and which would make it possible to better understand Cameroonian plurilingualism on the basis of the sociolinguistic situations which occur during religious ceremonies, in particular when they concern plurilingual communities. The article reviews the main lines of research carried out on sociolinguistic issues in the religious domain before proposing lines of analysis for future research.
Keywords : Cameroon – religious community – language and religion – plurilingualism – religious practice – sociolinguistics.
NGUEFACK Eugène Gabin
Résumé: L’insociabilité apparente que laisse entrevoir l’Unique inique de Max Stirner est, en effet, une sociabilité sélective construite sur le modèle de l’association des Uniques, c’est-à-dire de ceux qui émergent du lot, tout en se situant au-dessus de la mêlée, en raison de leurs aptitudes naturelles. Cette modalité vitale et existentielle se veut à la solde d’une certaine sélection de l’espèce, au plan social, qu’on pourrait appeler darwinisme social. Les Institutions de Bretton Woods, substrat matriciel sur lequel repose l’esprit qui gouverne la mondialisation néolibérale et qui constituent un creuset des inégalités sociales, à l’échelle mondiale, se veut un champ d’opérationnalité par excellence du projet de société entrevu par Max Stirner. La présente réflexion se propose d’établir que cet état de choses instaure, sur les plans socio-culturel et politico-économique, une rationalité darwinienne qui expose les plus faibles à la disparition, dans un monde que nous voulons commun et sans exclusion sociale, bien qu’il soit pluriel.
Mots-clés : Elitisme, sociabilité sélective, Darwinisme sociale, mondialisation néolibérale
Abstract: The apparent unsociability suggested by Max Stirner’s Unique inique is, in fact, a selective sociability built on the model of the association of the Unique, that is, of those who emerge from the pack, while standing above the fray, because of their natural aptitudes. This vital and existential modality is intended to be in the pay of a certain selection of the species, at the social level, which could be called social Darwinism. The Bretton Woods Institutions, the matrix substratum on which the spirit that governs neoliberal globalisation is based and which constitute a crucible of social inequalities on a global scale, is a field of operation par excellence of the project of society envisaged by Max Stirner. The present reflection proposes to establish that this state of affairs establishes, on the socio-cultural and politico-economic levels, a Darwinian rationality that exposes the weakest to disappearance, in a world that we want to be common and without social exclusion, although it is plural.
Keywords: Elitism, selective sociability, social Darwinism, neoliberal globalisation
DJOWE YAMO Edith
LONGMENE FOPA Arnaud
Résumé: Les problématiques liées à la présence des Noirs en terre asiatique offrent à la science historique un champ d’étude riche, varié et divisé. Ainsi, la migration noire dans les continents autres que l’Afrique a souvent été exclusivement attribuée à l’esclavage et à la traite négrière. Pourtant, ces deux phénomènes n’ont été qu’une phase du processus migratoire initiée depuis l’antiquité. Ces deux phénomènes se sont alors constitués comme une source de mépris et de racisme, au point que l’historiographie s’en est imprégnée, des siècles durant. Ce travail scrute les étapes de la migration noire en Asie du Sud entre le VIIIè et le XXè siècle. Il s’agit des espaces géographiques qui couvrent le sud de l’actuelle Russie, la Chine, le Japon et les Philippines. La question principale est celle de savoir, comment les Noirs sont arrivés à peupler des espaces en Asie du Sud ? Pour traiter cette question, nous mobilisons une approche méthodologique qui met un accent sur l’interdisciplinarité et la collecte des données écrites. Cette étude s’inscrit dans une perspective historique et le cadre théorique est la sociohistoire. Elle essaie d’identifier les séquences et les traces de la présence noire en Asie du Sud. Il ressort que les Noirs d’origines africaines ont habité la Chine, la Russie, le Japon et les Philippines entre le VIIIè-XXè siècle.
Mots-clés : Afrique, Asie du Sud, esclavage, migration, présence noire.
Abstract: The problems linked to the presence of Blacks in Asian lands offer historical science a rich, varied and divided field of study. Thus, black migration to continents other than Africa has often been attributed exclusively to slavery and the slave trade. However, these two phenomena were only one phase of the migratory process initiated since antiquity. These two phenomena were then constituted as a source of contempt and racism, to the extent that historiography was impregnated with them for centuries. This work examines the stages of black migration in South Asia between the 8th and 20th centuries. The geographical areas covered are southern Russia, China, Japan and the Philippines. The main question is, how did blacks come to populate spaces in South Asia? To address this question, we mobilise a methodological approach that emphasises interdisciplinarity and the collection of written data. This study is based on a historical perspective and the theoretical framework is sociohistory. It tries to identify the sequences and traces of the Black presence in South Asia. It is found that Blacks of African origin inhabited China, Russia, Japan and the Philippines between the 8th and 20th centuries.
Keywords: Africa, South Asia, slavery, migration, black presence.